Les siècles de l’industrie textile, dans la Chine ancienne, sont riches en histoire. Alors que les plus anciens tapis sont classifiés selon une région ou une manufacture spécifique, les chercheurs attribuent l’âge de tout tapis chinois au règne de l’empereur du moment. Les plus anciens modèles de l’artisanat encore subsistants furent produits sous le règne de Chongzhen, dernier empereur de la dynastie Ming. Le tissage de tapis n’était pas un art vivement reconnu jusqu’aux environs de la seconde moitié du 18e siècle, ce qui était bien tardif si l’on compare avec les autres régions de l’Orient. Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer ce retard : la rareté de la laine en Chine, et le prestige des œuvres esthétiques chinoises qui étaient incarnées par la perfection et le raffinement de la calligraphie, à laquelle l’art du tissage de tapis s’opposait.

Tapis d'Art déco mandarin antique

La Chine possède une longue histoire en ce qui concerne l’exportation de marchandises traditionnelles. Initialement, la Chine ancienne ayant été fortement opposée aux pratiques de fabrication de tapis, les tapis chinois étaient tissés presque exclusivement pour la consommation interne. Ils étaient essentiellement des objets de décoration pour les personnages de haute importance et fortunés qui pouvaient se permettre de les acheter ou de se les faire fabriquer. Ce n’est donc pas avant la première moitié du 19e siècle que les Chinois commencèrent à exporter leurs tapis. Une fois qu’ils eurent pris contact avec les influences de l’Occident, il y eut un énorme changement dans la production : les manufactures chinoises commencèrent à produire des tapis art-déco à des fins commerciales en fixant des échelles de prix.

Des années 1920 jusqu’aux années 1930, la production en Chine était bon marché, comme elle l’est toujours aujourd’hui, incitant les fabricants d’art-déco de cette époque à faire produire leurs marchandises en Chine. Les tapis chinois sont caractérisés par leur couleurs éclatantes tel que le bleu outremer, qui a remplacé le bleu clair des tapis traditionnels chinois, et par l’utilisation inédite de motifs chinois traditionnels et modernes incorporés d’une manière clairement art-déco. Les deux plus célèbres firmes de tapis de cette époque, nommées d’après leurs fondateurs, étaient les sociétés de tapis Fette et Nichols. Elles sont toujours considérées comme étant représentatives d’une période unique de l’histoire et d’un style de tapis singulier et flamboyant. Les modèles de tapis Fette produits en Chine, en raison de la finesse et la souplesse des chaînes en coton utilisées pour leur tissage, étaient soyeux et flexibles, comparativement aux tapis de Nichols pour lesquels on utilisait la « Nichols Super Yarn », une machine à tisser d’une puissance considérable qui, combinée à l’emploi d’un coton solide, donnait pour résultat des produits compacts et épais.

Les antiques tapis chinois ont communément pour caractéristiques des couleurs incluant le blanc, le rouge, le jaune, le bleu et le beige foncé. Les délimitations entre chaque couleur sont souvent « sculptées », ce qui permet de séparer les zones par textures aussi bien que par couleurs. Les tapis chinois sont ornés d’un splendide mélange de fleurs et de figures géométriques abstraites de natures courbées. L’alliance de ces motifs ne crée aucune confusion mais, au contraire, produit un style harmonieux et gracieux. Par exemple, un médaillon central s’accompagne de quatre médaillons à chaque coin où des motifs de fleurs et d’animaux mythiques sont réunis avec précision, généralement dans un cercle. Les inimitables tapis teintés chinois représentent fréquemment des symboles qui sont inspirés du monde de la nature, des anciens mythes locaux, du Bouddhisme et du Taoïsme. Curieusement, chaque symbole porte un sens particulier qu'il n’est pas aisé de déchiffrer.

Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.