L'histoire de la Turquie musulmane commence avec les invasions des Seldjoukides (11e siècle) et des Turkmènes (12e siècle). Avec ces populations semi-nomades, souvent fortement marquées par la culture persane, sont introduites en Anatolie les techniques du nouage des tapis et du tissage des kélims. Dernière vague turkmène, les Ottomans s'emparent du pays et constituent à partir du 14e siècle un grand empire eurasiatique.

Les tapis turcs, que l'on appelle aussi tapis anatoliens, sont les plus réputés en Occident à partir de cette période; l'Europe les préfère aux tapis persans considérés comme trop chargés. La technique du nouage a probablement été introduite en Anatolie dès le 11e siècle. Au 13e et au 14e, Konya, la capitale des Seldjouks, est déjà un centre réputé de tissage. Avec l'arrivée des Ottomans, les motifs deviennent exclusivement géométriques.

Ancien tapis seldjoukide

Aux 15e et 16e siècles, le tapis ottoman atteint son apogée et devint un produit d'exportation vers l'Occident et la Chine. Les principaux centres de tissage sont Istanbul, Brousse, Pergame, qui produisent les fameux tapis peints par Holbein, et Ushak, qui produit les tapis peints par Lorenzo Lotto. Les principaux centres de tissages anciens sont Ushak, Ghiordés, Ladik et Kula.

Les ambassadeurs par Hans Holbein
La vierge Marie et enfant par Lorenzo Lotto
Giovanni delta Volta avec sa femme et ses enfants par Lorenzo Lotto

Ensuite, à partir du 18e siècle surtout, se développe la production d'autres centres importants comme Kayseri, Kirshehir, Sivas, Milas et Hereke. Au 19e et au 20e siècle, la production persane se répand dans les intérieurs occidentaux où elle supplante la production turque plus réduite et moins mécanisée.

Usine de tapis seljoukides

Les tapis turcs se différencient principalement des tapis persans par leurs motifs plus simples et plus abstraits, par l'utilisation esthétique de motifs géométriques au détriment des représentations florales, animales et même humaines souvent surchargées qu'on trouve sur les tapis persans. Même les représentations végétales et florales sont généralement stylisées et géométrisées. Les tapis les plus anciens sont retrouvés en Turquie au 13e siècle et ils ont été découverts dans la ville de Konya, qui fut pendant longtemps le centre de la production de tapis en Turquie. Les tapis turcs sont largement influencés par les Grecs, qui autrefois dominaient la production de tapis. Ces tapis qui sont plus épais, sont faits en laine, en coton et en soie et sont toujours noués au nœud turc encore aujourd'hui. Ce noeud est appelé nœud de Ghiordés ou Turkbaff.

Les tapis d’Hereke

La région d’Hereke est la plus célèbre de Turquie en terme de confection de tapis. Une manufacture a été créée vers 1843 pour confectionner des tapis de soie pour la crème de la société de l’époque (sultans, vizirs, pachas...) Les tapis issus de cette région sont mondialement célèbres pour leur finesse. En effet, les fils de soie sont parfois utilisés avec des fils d’or et d’argent pour donner encore plus de prestige aux produits. Mais même avec simplement de la laine comme matière première, la manufacture d’Hereke est capable de présenter un produit de qualité. Toutefois, les tapis d’Hereke ne sont pas les seuls de qualité. D’autres régions de la Turquie en produisent et font aussi partie de la riche culture turque. Ci-dessous, vous avez deux exemples de tapis d'Hereke.

Tapis Hereke dans le hall des ambassadeurs

Les tapis de prière

Les tapis de prière turcs possèdent un style très particulier. Les mihrabs ont souvent des côtés en forme d’arcs brisés et un champ orné d'une lampe suspendue ou de chandeliers. Les plus connus sont les tapis Ghiordés, les tapis Ladik, avec leurs tulipes stylisées; les tapis Koula, Konya et Mudjur avec des colonnes qui semblent soutenir le mihrab. La production régionale dont les fleurons les plus connus sont les tapis Bergame et les tapis Yérék sont de style géométriques.

La leçon de musique par Johannes Vermeer

Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.