Les tapis afghans se réfèrent aux tapis traditionnellement faits en Afghanistan. Géographiquement, l’Afghanistan est situé dans le sud de l'Asie, il est entouré par l'Iran et le Turkménistan à l'ouest, par l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Pakistan et la Chine à l'est. En Afghanistan, la tradition du tissage du tapis appartient aux Turkmènes (tout particulièrement aux femmes turkmènes) réputés pour la qualité de leur tissage et de leurs motifs. Autrefois destiné à fournir un appoint de revenu ou à permettre aux femmes d’acquérir une certaine indépendance financière, le tissage des tapis a constitué une planche de salut pour les réfugiés afghans.

Les tapis afghans sont solides, durables et souvent charmants. Ils reflètent l’héritage de travaux d’artistes transférés à travers des générations de familles afghanes. La majorité de ces tapis est faite de nœuds persans aux couleurs atténuées de bruns et de rouges en laine. La chaîne est souvent en poil de chèvre et les motifs sont souvent celui du göl (motif qui ressemble à un pied d'éléphant) et l'octogone souvent accompagnés de fleurs stylisées. On distingue deux grandes familles de tapis afghans:

  • les tapis turkmènes, reconnaissables à leur couleur rouge « sang de bœuf »
  • les tapis Béloutches (anciennes tribus nomades)
Une femme afghanne travaille à un centre de tissage à Hérat

La plupart de ces tapis ont plus de points en commun avec les tribus de tisseurs de l’Asie Centrale en terme de couleurs, de dessins et de nattes qu’avec leurs homologues sophistiqués persans. L'influence persane se retrouve surtout dans les couleurs : harmonie des rouges, des cuivres, des bruns. Ils se font remarquer par l'originalité des motifs géométriques, quelques fleurs, plantes ou oiseaux, et l'importance des médaillons.

Les tapis d’Afghanistan les plus populaires sont les Khal Mohammadi et Afghan Aqche. Le premier est un tapis noué à la main par les Turkmènes du nord de l’Afghanistan, ses couleurs sont des tons de rouge sombre dans ses diverses nuances. Les motifs ressemblent à un pied d’éléphant et à un octogone de figure à huit côtés souvent accompagnés de fleurs dans les tons bleus foncés, ocres et beiges. Le tapis afghan Aqche est aussi noué à la main par les Turkmènes du centre et du nord de l’Afghanistan.

La majorité des tapis provenant de l’Afghanistan sont tissés à la main avec de la teinture végétale. La teinture végétale est encore utilisée, mais depuis les années 1950, la laine pré-teintée s’est creusé un chemin dans les villes et villages. On utilise donc la laine pré-teintée combinée avec de la teinture végétale naturelle ou on la remplace complètement. Plusieurs qualités de matières de tapis sont disponibles, variant de la natte épaisse à moyenne, incluant les tapis en laine feutrée (namads), les tapis tissés avec de la non-matière aplatie (kilims) et les tapis noués faits de laine, de soie et de coton.

Le Bazar de tapis à chamam, Kabul, Afghanistan

La majorité des tisseurs afghans font des tapis qui sont semblables à ceux qu’ils ont tissés pendant des décennies. Leurs tapis sont souvent tissés sur de petits métiers verticaux ou horizontaux et sont principalement produits afin de décorer les tentes dans lesquelles ils habitent. En guise de testament de la nature méticuleuse de cet art, un grand tapis afghan prend environ de six à neuf mois à tisser.

Deux garçons montrent un tapis Mauri Boukhara aux visiteurs étrangers Kabul, Afghanistan

Aujourd’hui, l'Afghanistan est l'un des plus grands producteurs de tapis du monde. Les principales villes de fabrication sont Hérat, Kandahar et Kaboul. Cependant, plusieurs de ces tapis sont présentement tissés par des réfugiés afghans qui habitent au Pakistan ou en Iran. Entre 1979 et 1992, au moins un million d’afghans, incluant des centaines de milliers de tisseurs de tapis, ont fui l’Afghanistan pendant la guerre avec l’Union Soviétique et la guerre civile qui a suivi et se déroulant principalement au Pakistan et en Iran.

Les tapis afghans confectionnés localement sont, pour moitié, destinés au marché afghan qui reste le principal débouché. L’autre moitié est destinée à l’exportation. Les retombées économiques des exportations sont essentiellement partagées entre l’Afghanistan et le Pakistan, la ville de Peshawar demeurant la passerelle vers le monde extérieur.

Un marchand de tapis afghan à un marché à ishkashim, Tadijistan

Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.